Gloria
#8 (Avril-Mai 1984)
Christian Death interview // Paris 23/02/1984
Rejoindre Christian Death dans ce cérémonial
dont ils ont le secret : sang, confessions ou délires mystiques.
Etre un peu l'espace entre la blessure et le sang, ce béant illusoire,
écouter Romeo's Distress, Spiritual Cramp ou Resurrection et
renouer avec désirs de morts, paricides ou jouissances morbides.
L'impatience ce soir là aux Bains douches était de rigueur.
Qu'allait donc donner le premier concert de Christian Death en France
? Ce groupe de Los Angeles n'a-t-il pas la réputation de donner
lieu sur scène à de veritables scéances de magie
noire, cruxifictions ou exorcismes à l'appui. De la premiere
formation de Christian Death en 81-82, on sait que seul demeure le chanteur
Rozz Williams. Mais ce dernier n'a-t-il pas été la seule
véritable âme du groupe ? En effet, quel aurait été
le véritable interêt de Christian Death si à la
musique ne s'était pas greffé un esprit se voulant essentiellement
artistique (réference littéraires et autres à l'appui)
? Pour cela Rozz Williams à été jusqu'a se séparer
de ses anciens musiciens. Depuis 6 mois environ l'ont rejoint Valor
Rand à la guitare, Constance Smith à la basse, David Parkinson
à la batterie et Manson Imola Sharon aux claviers. Si aux Bains
Douches les performances scéniques ont étés quasiment
inexistantes, la qualité des morceaux, malgré la nouvelle
formation, est restée inchangée. Un son parfait (et vu
la salle des Bains Douches c'est une performance) et un concert non
stop ont su conserver une émotion et une énergie intactes.
Quant à leurs disques, deux sont trouvables sur lr marché
français sous le label du Havre Invitation au Suicide : "Only
Theatre of pain" et "Deathwish" (où on trouve
plusieurs reprises du précedent). Le prochain album, actuellement
en préparation, devrait quant à lui s'appeler "The
Catastrophe Ballet" et paraitre sur le même label (à
noter que si les Christian Death n'ont rien à voir avec l'élaboration
des coffrets et pochettes de l'IAS, ils n'en sont pas moins entièrement
satisfaits).
En attendant, ouvrez vos oreilles car le moment est venu de leur laissez
la parole. l'interview à lieu avant leur deuxieme concert à
Paris à l'Opera Night, concert assez médiocre, vu les
problemes de sono et la qualité du public ce soir là.
Etait-il donc vraiment indispensable d'en parler ?
Valérie B
Vos
premières impressions après le concert ?
R. Williams : Tout s'est bien passé, nous
avons beaucoup aimé le public français. On le sentait,
il était présent. Les gens étaient contents, ils
avaient envie de nous voir, de nous écouter. Ils bougeaient bien
aussi, cela était important pour la première fois que
nous passions en France.
Quel est la différence avec le public américain
?
M.I.Sharon : Pfff, le public américain n'est pas très
interessant. Il est complètement statique et ne semble s'interesser
qu'au show ! quant au public Anglais nous ne le connaissons pas encore,
étant donné que nous n'avons jamais joué en Angleterre,
mais bientôt nous ferons des concerts en Grande Bretagne.
Un bruit courait que vous alliez faire une tournée avec Virgin
Prunes ?
R.Williams : Oui, en effet nous avons projeté de faire cette
tournée, mais cela n'est pas encore sûr. Quant aux Prunes,
ce sont des gens que nous aimons bien !
D'ou vient votre nom ?
R.Williams : Christian Death signifie mort du christianisme. Il provient
d'un exorcisme ! d'un exorcisme sur moi-même, une purification
par le feu; ceci reste très personnel. J'ai grandi avec la religion
et quand j'aiconnu les Christian Death, j'ai ressenti quelque chose
! je voulais avant tout exterioriser les idées que j'avais en
tête, celles que les gens n'osent pas penser, l'autre coté
de la religion.
Avez-vous rencontré le diable ?
R.Williams : Quelque fois. Je l'ai toujours rencontré au fond
de moi même.
V.Rand : Christian Death c'est avant tout quelque chose de different
pour chacun. Pour moi c'est une rebellion du christianisme dans le monde,
de ce fait, je me sens très bien dans le groupe, c'est en fait
une rebellion très anarchiste.
Quelle est votre idée à ce sujet ?
V.Rand : Pour moi ? Ho, le christ était un personnage réel,
mais je pense que c'est un imposteur.
Que s'est-il passé avec les gens du groupe
? Pourquoi ce changement ?
R.Williams : Les gens avec qui nous avons joué avaient beaucoup
de problemes dans leur tête, et surtout ils n'étaient pas
près à accepter mes idées. Il me fallait trouver
d'autres personnes car il était impossible de travailler avec
ces gens là.
Vivant à los Angeles, avez-vous des contacts
avec des groupes comme Gun Club, Cramps...?
M.I.Sharon : Nous connaissons pas mal de groupes, mais ils sont bien
différents de nous. Ils sont déjà beaucoup plus
rock. Dans leur tête aussi, ils sont très rock'n roll,
et nous, nous n'avons rien à voir avec ces groupes. Nous restons
à part, seuls dans nos idées.
A propos de vos disques ?
R.Williams : Le premier album date de trois ans. Le second date de deux
ans. Il ya eu une sorte de mélange, et un bon retard. Notre prochain
album ne tardera pas à sortir. Nous n'avons pas été
trop surpris qu'un label français vienne nous demander de faire
un album au début. Il faut dire que le label Invitation au Suicide
nous a tout de suite enchanté, rien que pour sa présentation
originale et très artistique. Ce côté de l'art nous
a beaucoup touché, car il faut bien le dire, les labels américains
ne sont là que pour le fric.
V.Rand : Les personnes d'Invitation
au Suicide, en particulier Yann Farcy, se sentent très impliqué
dans l'art, dans ce que nous recherchons. Ils se sont engagés
pour Christian Death et son côté noir des choses, pour
les paroles notament et l'interêt personnel. La présentation
n'a rien fait sentir aux américains, les compagnies vendent les
disques à petits prix pour se faire plus d'argent, et se foutent
du reste. C'est le gros problème des maisons de disques américaines.
nous n'avons pourtant pas choisi les textes et dessins qui illustrent
les disques mais le résultat nous a beaucoup plu ! Par la suite
nous esperons toujours travailler avec Invitation au Suicide.
Que pensez-vous de la mode qui surgit en ce moment
de Londres ? Je veux parler de la vague psycho-billy; Avec des groupes
comme Meteors, Stingrays, Cannibals... ce mouvement qui est américains
au départ.
R.Williams : C'est le problème majeur aux Etats-Unis. Les gens
qui ont crées des choses nouvelles et interessantes retombent
tôt ou tard dans ce qui est populaire et commercial, au lieu d'être
eux-mêmes. C'est pour cela que beaucoup de groupes américains
donnent dans le style Anglo-Saxon, ce qui pour moi n'est pas très
honnête. Mais en Californie, cela commence à changer. Les
gens se lèvent et disent "je veux être moi" et
non une copie des autres. Ils sont peu, mais en france une compilation
Surf Punk est sortie. Ah oui oui, beaucoup de groupes reviennent à
la surf musique, aux sixties, notament les Bottle Circus, qui deviennent
très à la mode sur la côte ouest.
V.Rand : Nous, nous aimons beaucoup Wall of Voodoo, Bush Tetras. Quant
à notre musique, elle est peut-être dansanrte pour certaines
personnes mais elle ne passera jamais en tube à la radio ou en
discothèque.
Quand vous êtes sur scène, vos attitudes sont-elles pure
provocation ou est-ce vraiment ce que vous ressentez ?
R.WIlliams : Tout ce que je fais sur scène est une partie de
ma vie, et je ne l'exprime qu'en concert. Il y a aussi un certain feeling
qui passe entre le public et la scene, cela est très important
pour moi. J'aime faire un bon show pour que le public soit enthousiaste.
mais sur ce sujet je ne peux pas exprimer exactrement mon emotion.
Vous avez des influences dans tous les domaines
artistiques !
R.Williams : Oui, beaucoup, et quand il s'agit du choix d'un label,
nous voulons quelquechose de très serieux artistiquement. Parmis
les peintres que nous aimons, il ya Dali, Magritte, Jerome Bosch qui
étaient très bons.
M.I.Sharon : Et dans les écrivains, il y a Rimbaud, Beaudelaire
et evidemment Lautréamont. Du point de vue cinema, deux films
nous ont marqués : Cabaret et Illusion Dark. Mais nous connaissons
mal la nouvelle vague du cinema français.
Aimez-vous les enfants, car vous en parlez d'une
façon particulière dans vos textes ?
R.Williams : Oh oui, je vois ce que vous vouleez dire, mais j'aime beaucoup
les enfants, d'ailleurs beaucoup de gens oublient leur enfance, ils
l'a font sauter en l'air. J'aime les enfants mais ça dépend
lesquels.
M.I.Sharon : Mais reste quand même loin de moi et de mon enfant...
(rires)
Aimeriez-vous mourir à Paris ?
M.I.Sharon : Oh oui beaucoup.
R.Williams : Mais nous revenons quand même en Avril.
Valerie, Vincent
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